Médiation Faune Sauvage : Votre demande concerne un invertébré

Vous trouverez dans cette rubrique les conseils du médiateur face à différentes situations, suite à divers préjugés aux regards de nos "amis" les invertébrés.
« Les insectes ne sont pas beaux et me font peur ! » Que dire alors des papillons qui sont bien des insectes ? Divers coléoptères ont des élytres (« ailes endurcies », qui permettent de protéger les ailes servant au vol) irisées aux aspects métalliques, qui en font de véritables bijoux vivants ! La notion de « beauté », trop subjective, ne peut en aucun cas prévaloir à la protection de telle ou telle espèce, ni être mise en relation avec leur « utilité ».

"Que faire si…" : les conseils du médiateur entomo

« Les insectes sont nuisibles et détruisent mon jardin ! »

Bien au contraire, la plupart des insectes jouent un rôle essentiel dans la nature, servant de nourriture à des espèces plus grandes (vertébrés), contrôlant les populations d’autres invertébrés, pollinisant diverses plantes à fleurs… Plusieurs espèces sont ainsi d’excellents auxiliaires des jardiniers. Si la coccinelle est souvent citée comme exemple dans le combat contre les pucerons, il faut aussi mentionner les larves de chrysopes, de certains syrphes ou encore divers hyménoptères, de la famille des guêpes, minuscules mais très efficaces (ex. Pemphredon sp., Aphidius sp.) !

« Mais certains sont dangereux et posent des problèmes, comme les chenilles processionnaires ! »

Dans certains cas particuliers, en effet, des questions de sécurité peuvent se poser (ex. nid de guêpes…). Il faut parfois faire appel à une entreprise spécialisée pour se débarrasser d’un nid « dangereux ». Avant tout, il faut s’interroger sur la réelle nécessité d’intervention. Quelques petits changements dans nos habitudes peuvent permettre une cohabitation harmonieuse, d’autant que certaines installations ne sont que périodiques et que les animaux finissent par partir (c’est dans ces moments de « pause » qu’il est possible d’intervenir avec un moindre impact sur les espèces). Pensons aussi à favoriser divers autres auxiliaires comme les mésanges charbonnières qui consomment des chenilles processionnaires et permettent de limiter leur présence.

« Les bourdons piquent ! »

Affirmation à prendre avec des pincettes, car comme les guêpes ou les abeilles, il peut arriver qu’un bourdon pique, mais seulement s’il s’agit d’une femelle. Les mâles ne vivent que pour féconder les futures reines, et meurent immédiatement après. De plus, un bourdon qui pique, comme une abeille, et à la différence des guêpes et frelons, s’arrachera l’abdomen en laissant le dard dans la peau, et mourra. Il aura donc tendance à être moins agressif, et ne piquera qu’en ultime recours. Guêpes et frelons ne piquent pas à tout va non plus, il faut aussi les provoquer. Dans tous les cas, restez calme si une abeille ou une guêpe vole autour de vous, et encore plus si elle se pose sur vous : elle repartira tranquillement quand elle se rendra compte que vous n’avez pas de nourriture (à moins de s’être tartiné le corps de miel !).

« On peut mourir d’une piqure de guêpe ! »

Rares sont les décès dû aux piqûres d’hyménoptères, que ce soit abeilles, guêpes, frelons ou bourdons. La majorité des cas de décès sont dus à des réactions allergiques. En dehors de ces cas, il faut se faire piquer plusieurs dizaines de fois pour que la quantité de venin reçue devienne dangereuse pour l’Homme. Si une abeille (ou un bourdon) vous a piqué, retirez le plus rapidement possible le dard, pour éviter que la poche à venin restant accrochée ne continue à diffuser ce venin : ne pas utiliser de pinces qui peut faire éclater la poche, faites plutôt glisser un objet type couteau (le côté non-tranchant bien sûr !) ou carte bancaire parallèlement à la surface de la peau. Retirez tout objet qui peut comprimer la peau en cas de gonflement (bague par exemple). Désinfectez, et appliquez de la glace pour réduire le gonflement et calmer la douleur. Si la réaction locale (rougeur, gonflement, douleur) persiste plusieurs jours, ou si la piqure a lieu dans un endroit sensible (gorge, œil…), consultez un médecin. En cas de doute, consultez également un médecin.

« Si on touche les ailes d’un papillon, il meurt ! »

Cette rumeur vient du fait qu’en attrapant un papillon par les ailes, il reste sur nos doigts une sorte de poudre, qui nous fait penser que nous les lui avons abimé. Même s’il est vrai que cette « poudre » soit un constituant de l’aile, elle n’est pas nécessaire à son vol. Il s’agit en fait d’écailles colorées qui lui permettent de revêtir un camouflage. Ces écailles sont disposées en tuiles sur une membrane transparente, qui elle est essentielle pour son vol. Une manipulation trop soutenu peut néanmoins lui être indirectement néfaste : en perdant toutes ses couleurs, le papillons ne sera plus reconnu par ses congénères, et ne pourra donc pas se reproduire. Soyez donc doux avec les papillons (et tous les animaux !), si vous souhaitez les attraper pour mieux les observer.

« J’ai compté le nombre de points sur une coccinelle, et je connais son âge ! »

A la différence des arbres où on peut savoir l’âge à partir des anneaux concentriques du tronc, le nombre de points sur une coccinelle ne nous renseigne pas sur son âge, mais plutôt sur l’espèce : il existe des coccinelles à 7 points (Coccinella septempunctata, par exemple, une des plus commune), à seulement 2 points (Adalia bipunctata), ou à 22 points (Psyllobora vigintiduopunctata) ! Il existe en réalité une multitude de motifs, et pas seulement des points. Pour les petits curieux, voir ici.

« Les araignées sont des insectes qui me font peur ! »

Les araignées ne sont pas des insectes mais des arachnides. Quelle différence ? Par exemple, le nombre de pattes : les insectes en ont 6, tandis que les arachnides en possèdent 8 ! S’il est vrai que les araignées sont de féroces prédateurs, leurs proies ne dépassent généralement pas quelques centimètres… En nous voyant, les araignées préfèrent fuir (ou rester immobiles) que nous attaquer.

« Les araignées peuvent être très dangereuses ! »

Seules quelques très rares espèces (moins de 0,6 % des espèces en France métropolitaine) peuvent représenter un risque pour l’Homme. Elles vivent toutefois dans des milieux sauvages très particuliers, il n’y a quasi aucune chance de les croiser dans nos maisons ! A l’exception des réactions allergiques, absolument rien à craindre de ce côté-là !

« J’ai encore été piqué par une araignée cette nuit ! »

Impossible (ou presque) ! Une araignée ne possède ni dard, ni aiguillon. Si elle doit vous blesser, elle le fera avec ses chélicères (des « crocs » minuscules, donc une « morsure ») et seulement en cas de légitime défense ! La plupart de nos araignées sont incapables de transpercer notre épiderme. Cherchons plutôt les coupables du côté des acariens (aoutats, sarcoptes…) ou des insectes (puces, punaises des lits, moustiques…).

« Les araignées sont inutiles, tissent des toiles partout et ça fait sale ! »

Qui n’a jamais croisé ces énoooormes araignées velues dans un coin de sa maison ? Ces bêtes, ce sont les « tégénaires », nos colocataires ! Elles occupent les moindre anfractuosités de votre logement et nous débarrassent gracieusement d’insectes (et d’autres araignées !). Elles sont surtout actives la nuit, d’où l’impression qu’elles ne « servent à rien » ! D’autres habitués des maisons sont les « pholques » : petits corps gris aux très longues pattes. Stagnant aux angles de nos plafonds sur des toiles dissymétriques, ils capturent divers petits invertébrés… et la poussière ambiante ! Lorsque sa toile est trop « sale » (et donc inefficace), cette araignée l’abandonne pour en construire une autre plus loin. Vous pouvez donc passer un coup de balai sur l’ancienne en veillant à ne pas détruire les nouvelles toiles.

« Les mille-pattes ont tous milles pattes ! »

Le terme « mille-pattes » s’appliquent en réalité à plusieurs groupes d’animaux, tous réunis au sein du sous-embranchement des Myriapodes (littéralement, « dix-milles pattes ») : on compte parmi les représentants, les scolopendres, scutigères et lithobies (regroupés dans la classe des Chilopodes), ou encore les iules et gloméris (classe des Diplopodes) (malgré leur forte ressemblance, gloméris et cloportes ne font pas partis du même groupe, ces derniers étant du sous-embranchement des Crustacés). En tout, c’est environ 12 000 espèces qui composent ce groupe des « mille-pattes ». Et malgré le surnom donné à ces petites bêtes, aucune n’atteint la barre des 1 000 pattes : l’espèce qui en possède le plus est Illacme plenipes, un Chilopode qui en compte « seulement » 750. Et pour une espèce donnée, le nombre de pattes n’est pas fixe, il dépend du nombre d’anneaux constituant l’animal et portant les pattes, qui augmente avec l’âge. Pour reprendre l’exemple précédant d’Illacme plenipes, les individus présentaient entre 318 et 750 pattes.

« Que faire pour ne pas avoir de ‘’mille-pattes‘’ chez moi ? »

Surnommée le « mille-pattes de maison », la scutigère véloce est un myriapode qui fréquente volontiers les habitations. Dissimulée le jour, il n’est pas rare de la voir la nuit se déplaçant à vive allure sur un mur, dérangée par un plafonnier brusquement allumé. Son « apparition-surprise » la rend alors parfois plus effrayante que les araignées ! Pourtant, elle se montre une alliée précieuse : inoffensive pour l’Homme, elle est une prédatrice vorace qui nettoie votre intérieur de nombreux hôtes « indésirables » (blattes, moustiques, fourmis, cloportes, punaises de lit, etc.). Vous en « débarrasser » risque ainsi de laisser ses proies proliférer en son absence. Si vous ne supportez toutefois pas leur présence, et plutôt que de les pulvériser d’insecticide (nocif pour la planète et pour vous-même !) ou de les écraser sous le talon d’une chaussure, préférez leur rendre votre maison moins attirante en réduisant l’humidité ambiante.

Si vous vous posez d’autres questions, vous pouvez consulter le site de l’OPIE (Office Pour les Insectes et leur Environnement) pour tenter de trouver une réponse, cliquez ici !

Accueillir ces petites bêtes chez soi : l’hôtel à insectes

Maintenant que vous savez que ces petites bêtes sont utiles et ne présentent aucun danger, vous pourriez avoir envie de mieux les accueillir chez vous. Pour cela, il existe de nombreux aménagements qui peuvent leur être mis à disposition. Un des plus connus est l’hôtel à insectes : il s’agit d’une construction en bois, séparée en chambres, chacune aménagée différemment et accueillant différents insectes.

Vous pouvez trouver bon nombre de ces hôtels à acheter en ligne, ou dans les animaleries ou les magasins de bricolage. Vous pouvez également réaliser vous-même cet hôtel, en vous aidant de tutos mis en ligne sur divers sites, comme sur Terre Vivante.

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